Plongez dans le quotidien des soigneurs animaliers !

  • by Stéphanie di Mattia November 23, 2025
Plongez dans le quotidien des soigneurs animaliers !

Vous qui aimez la nature, la faune sauvage, le guépard…, peut-être aspirez-vous à devenir soigneur animalier, ne serait-ce que le temps d’une mission de volontariat ? Toutefois, savez-vous bien en quoi consiste… et ne consiste surtout pas ce métier ?

A travers les témoignages de David, Vincent, Elodie et Nathan, soigneurs aguerris des Parcs zoologiques de La Barben et d’Auvergne, découvrez ce métier exigeant, passionnant, et un quotidien bien différent des images d’Épinal que peuvent véhiculer les émissions télévisées et les réseaux sociaux !

Passez du mythe à la réalité 

« On ne caresse pas les animaux.

On n’est pas là pour leur faire des papouilles ni pour faire des selfies ! »

Voilà une mise au point directe qui reflète l’afflux croissant de stagiaires motivés par une vision fantasmée du métier.

La réalité est tout autre : « un soigneur animalier est là pour prendre soin des animaux, sans les déranger inutilement, en enrichissant leur environnement pour les stimuler ».

David, soigneur de carnivores depuis plus de 20 ans, affirme d’ailleurs ne jamais avoir de contact direct avec « ses » pensionnaires ! Ce sont des animaux sauvages. Ils sont dangereux. A aucun moment, on ne doit les considérer comme des animaux de compagnie.

Rentrons à présent dans le quotidien du métier.

Une journée type : entre nettoyage, nourrissage… et animations !

« Le nettoyage, c’est 80% du temps d’un soigneur animalier »

Nettoyer les abris, les enclos, les bassins, … évacuer les fumiers… tout doit être impeccable pour la sortie des animaux, leur bien-être et leur présentation au public. Un travail qui peut être éprouvant. Et « nos » guépards n’épargnent pas les soigneurs si l’on en croit l’équipe de la Barben : « ils ont une urine très forte avec une odeur d’ammoniac »

Le reste du temps, un soigneur :

  • Prépare les rations de nourriture de la journée et du soir : chaque espèce, chaque individu a des besoins spécifiques. Le guépard, particulièrement fragile, fait l’objet d’une attention toute particulière dans les zoos : il est d’ailleurs souvent le seul à bénéficier de viande fraîche (animaux non congelés) et a besoin de complémentations alimentaires pour prévenir ses multiples fragilités, comme l’insuffisance rénale.
  • Nourrit et détecte les comportements anormaux de ses pensionnaires : pendant le nourrissage, les soigneurs s’assurent aussi que chaque animal s’alimente correctement. Séparant les individus si nécessaire, pour éviter une suralimentation pour certains, une sous-alimentation pour d’autres. Les soigneurs restent aussi très attentifs à tout changement de comportement de leurs pensionnaires pour alerter et aider à prendre les dispositions qui s’imposent. Des observations de différentes natures… C’est comme ça que nous avons appris en juin dernier, que la femelle guépard de 4 ans du Parc d’Auvergne pourrait être intéressée par l’un des 2 guépards de l’enclos d’à côté… même si à 2 ans, celui-ci ne semble pas encore trop branché sur la chose… c’est tout de même de bon augure quand on sait les difficultés à séduire une femelle guépard, et que cette « validation du mâle » est la condition sine qua non pour déclencher l’ovulation !
  • Anime des ateliers pédagogiques avec le public: le nourrissage avec le public à heure et lieu fixe, s’est fortement développé ces dernières années. Les soigneurs partagent avec les visiteurs des contenus et données scientifiques qui leur sont fournies par le staff du parc… et y ajoutent de croustillantes anecdotes sur leur vécu personnel avec les animaux ! Humour et émotions garantis J

… et ce, dans le strict respect des protocoles d’hygiène et de sécurité qui régissent les lieux accueillant du public et les métiers évoluant au milieu d’animaux sauvages.

Sa journée de travail, ponctuée de debriefing sur ses pensionnaires, se termine le soir, par la rentrée des animaux dangereux et / ou fragiles dans les box pour la nuit, loi oblige. Et bien sûr, les guépards, à la fois dangereux et fragiles, sont de ceux-là !

Enfin, dans certains parcs animaliers, assister les vétérinaires lors de soins, entre aussi dans le périmètre d’action des soigneurs. Ce n’est pas le cas pour David, Vincent, Elodie et Nathan, qui eux, préfèrent rester éloignés des interventions vétérinaires. Ils évitent ainsi que leurs pensionnaires ne les associent à ces moments de stress intense générateur d’agressivité. Sécurité, sécurité, on vous dit !

Des conditions de travail exigeantes

Vous l’avez compris. Les soigneurs sont au service du bien-être des animaux des parcs.

Aussi, ils travaillent en extérieur toute l’année – weekend et jours fériés inclus -, par tous les temps, et sur de larges amplitudes horaires : « A la Barben, c’est 8h à 19h en été, jusqu’à 17h en hiver, avec 3h de pause en milieu de journéepour laisser les animaux le plus longtemps possible dehors ».

Ce métier reste physique, même si Vincent précise qu’il l’est de moins en moins, grâce aux évolutions technologiques et à la mécanisation qui allègent certaines tâches, comme le transport du foin. Une modernisation qui a largement contribué à féminiser la profession : d’ailleurs, au zoo de la Barben, l’équipe de soigneurs a atteint la parité !

Un métier en mutation, une formation en évolution

Avec un recul de plus de 20 ans dans le métier, David affirme que « le parcours pour devenir soigneur animalier s’est beaucoup professionnalisé ».

L’école de soigneur animalier est aujourd’hui « LA voie », avec une formation d’une année incluant un stage. Et comme le métier est très bouché… les candidats doivent justifier de plus en plus d’expériences reconnues : en agriculture, chevaux « le cheval étant un animal compliqué, physique dans l’entretien », … et même en animation !

Car oui, comme nous le fait remarquer Vincent, c’est là une vraie évolution du métier : « Alors qu’avant, beaucoup choisissaient de travailler avec les animaux parce qu’ils n’aimaient pas les gens, l’ouverture croissante des parcs au public a modifié la donne. » Les soigneurs doivent désormais être à l’aise avec les visiteurs, maîtriser l’animation pédagogique et posséder de solides connaissances scientifiques. On comprend alors, qu’avoir été animateur en association devient aussi un plus pour exercer ce métier…

Élodie, 30 ans, rêvait depuis son enfance de travailler avec les animaux.

Son parcours illustre parfaitement que quand on croit en son rêve et que l’on fournit les efforts associés, rien ne résiste… ni les faibles débouchés, ni le cumul des exigences pour le réaliser. Après un bac scientifique et un BTS agricole, elle a, grâce à AcFI Conseil, pu effectuer six stages entre 2015 et 2016 dans des fermes bovines, ovines, porcines, puis dans 3 parcs animaliers… avant de parvenir à intégrer l’équipe de La Barben, d’abord à la buvette… puis en remplacement de soigneurs. Elle vit aujourd’hui son rêve depuis plus de 9 ans !

Et une fois en poste, la formation continue

Enfin, quand vous travaillez avec des animaux dangereux ET dans des lieux qui accueillent du public, vous ne pouvez pas passer à côté des formations continues en hygiène et sécurité… et des protocoles qui visent à prévenir tout accident, que ce soit lors une urgence en parc comme les incendies, ou d’une échappée d’animal…

Aussi, les équipes suivent des formatio : régulières de remise à niveau annuelle pour les lances à incendie, formation avec les pompiers pour la gestion des NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie), Certification SST (Sécurité Secours Travail) pour les premiers secours…

Un métier discret, mais essentiel pour la conservation

Être soigneur animalier, c’est donc bien plus qu’un rêve d’enfant : c’est un métier technique, exigeant et passionnant, qui demande une véritable vocation et une solide formation professionnelle.

Les soigneurs animaliers opèrent souvent dans l’ombre, mais leur dévouement est absolu. Ils sont les gardiens quotidiens de la biodiversité, les sentinelles du bien-être animal. Leur engagement, leur expertise et leur passion sont des atouts inestimables pour les parcs zoologiques et, par extension, pour la survie d’espèces menacées comme nos chers guépards.

Merci à eux, et merci à vous pour votre soutien continu !

2 QUESTIONS A NOS SOIGNEURS

  • Qu’est-ce qui vous marque le plus dans le comportement des guépards ?

David : chacun individu a son comportement. Le point commun est qu’ils ont peur de tout. Ils reculent si on barre leur chemin. Ils chargent si on leur tourne le dos. Les mâles chargent plus que les femelles… mais ils s’arrêtent à 5 mètres et rebroussent chemin.

Ce sont des animaux harcelés par l’homme, par les prédateurs et par les charognards. Ils préfèrent lâcher plutôt qu’affronter.

Tout ce qu’ils ont gagné en puissance en course, ils l’ont perdu ailleurs. La dentition est un symbole de vraie puissance : ils ont de petites dents, une mâchoire faible. Ils n’ont presque pas de griffes. Elles sont vite usées. Leur technique est de faire un croche-patte pour déséquilibrer.

Elodie, Vincent : ils sont très vigilants, en stress permanent, et montent très vite dans les tours !

  • Quelles différences vous frappent le plus entre le guépard et les autres carnivores ?

David : Le guépard a un instinct d’observation plus développé que le lion ou la panthère : ils s’aperçoivent si un jour on change notre manière de faire.

Elodie : Plus éloignés de nous, plus solitaires que la panthère ou les tigres qui sont plus curieux et cherchent plus de liens avec les soigneurs ; le guépard est plus stressé, il crache dessus. « C’est donne-moi ma bouffe et va-t’en ! »

La panthère elle, est très vicieuse, instinctive. C’est le plus dangereux des carnivores que l’on ait : elle attaque dès qu’il n’y a plus de grillage. « Je suis assimilée au moment du repas » …

Le lion ? Un pacha… il se sent intouchable !

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