Confiscations de guépards : une perspective de première ligne
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- by Dr. Ashley Marshall September 5, 2022
Cet article a été écrit à l’origine pour être publié par l’AZAC (Aquariums et zoos accrédités du Canada)
Texte : Ashley Marshall, B.Sc., D.M.V.
Matériel contribué : Nathalie Santerre
Édition : Laurie Marker, B.Sc., D. Phil. Zoologie
Nous avons reçu un appel un samedi, nous alertant sur un groupe de bébés guépards qui avaient été volés. Cela faisait à peine un mois depuis la dernière grande confiscation de 15 jeunes individus traumatisés, dont huit ont succombé à la suite de traumatismes graves, de malnutrition et de stress.
Une équipe composée d’un vétérinaire, d’un technicien vétérinaire, d’un gestionnaire des opérations, d’un membre de l’unité de protection spéciale et d’un traducteur, a rassemblé les fournitures médicales et de soins aux animaux nécessaires pour entamer le voyage d’une journée pour atteindre les guépardeaux. Ils ont rencontré le coordinateur régional du ministère de l’Environnement et du Changement climatique (MECC) dans un lieu sûr.
Les neuf guépardeaux confisqués pesaient entre 0,5 et 2 kg. Ils ont été confiés à l’équipe du Cheetah Conservation Fund (CCF) pour une évaluation initiale et la stabilisation, un processus qui comprend la réhydratation, le réchauffement actif, le contrôle des parasites et les mesures nécessaires pour garantir leur sûreté et leur sécurité. Après une nuit passée dans un hôtel local, l’équipe les transporte au siège du CCF Somaliland où l’équipe sur le terrain était prête à les recevoir.
Le stress cumulé affectant les guépardeaux est finalement devenu évident. En arrivant à la clinique, un des guépardeaux s’est immédiatement écrasé en raison d’un faible taux de glucose sanguin. Ce petit guépard démontrait également un comportement neurologique anormal. Durant les premières heures ont lui administre des soins intensifs dont une supplémentation en dextrose et en liquides, tout en évaluant le peu de sang auquel nous pouvions accéder et en effectuant deux fois la réanimation cardiopulmonaire, après quoi elle a fait un arrêt respiratoire et elle est décédée.
Sans hésiter une seconde, l’équipe s’est rapidement tournée vers l’évaluation des autres guépardeaux. Des évaluations physiques ont été effectuées et des données physiologiques, notamment des mesures, du sang, des matières fécales, des parasites, des notes d’état corporel et de poids, ont été enregistrées. Les régimes ont été calculés en fonction de l’âge estimé, de l’état corporel et du poids actuel. Comme on était incertain de la longueur de leur emprisonnement, de leur niveau de malnutrition et de famine potentielle, des précautions importantes ont été prises lors de l’introduction d’une alimentation de haute qualité, afin de prévenir le syndrome de réalimentation potentiellement mortel et la stéatose hépatique.
Les plus petits et les plus jeunes ont été transférés dans les logements du personnel afin qu’on puisse les observer 24 heures par jour et les alimenter au biberon toutes les 2 à 4 heures. Les plus grands guépardeaux et ceux que l’on jugeait être plus âgés ont été laissés en quarantaine près de la clinique. Des membres du personnel sont restés avec eux la première nuit pour les observer et les nourrir fréquemment. Quoique traumatisés, les guépardeaux semblaient s’adapter, dormir et faire leur toilette ensemble, blottis dans le foin pour se réchauffer, se réconforter et manger voracement les maigres portions fournies.
Le lendemain, les guépardeaux semblaient calmes et stables. Cependant, à 16 heures, l’un des plus petits guépards a commencé à faiblir. Son taux glycémique chutait et il s’affaiblissait. On lui administre des fluides supplémentés de dextrose par intraveineuse. Des antibiotiques sont administrés en cas d’infection ou de septicémie. Malgré ces meilleurs efforts et ces soins intensifs, il décline du jour au lendemain et commence à montrer des signes neurologiques anormaux. Après une longue nuit de surveillance constante, l’équipe a dû l’euthanasier.
En espérant que nous avions traversé le pire, nous avons continué à nous occuper des sept autres guépardeaux. À midi, le troisième jour, un troisième guépardeau a commencé à être malade. Ses gencives étaient pâles et sa respiration était rapide et superficielle. Les analyses de sang ont montré des changements inflammatoires généralisés et une sévère anémie. Nous avons sélectionné un jeune guépard pas encore adulte et en bonne santé dans notre population résidente comme donneur de sang et nous l’avons mis sous sédatif pour prendre de son sang. Pendant que le vétérinaire en chef effectuait cette procédure avec le personnel des soins aux animaux, le vétérinaire secondaire a transfusé la petite guéparde souffrante. Des antibiotiques lui ont également été administrés pour réduire le risque d’infection.
La petite guéparde a bien réagi au don de sang et semblait se porter mieux le lendemain. On lui a donné des vitamines, des médicaments pour soutenir sa santé intestinale et la motilité et on l’a surveillée de près pendant 24 heures. Malheureusement, notre petite guéparde s’est affaibli durant les 48 heures après sa première transfusion, alors une deuxième transfusion a été administrée.
Au cours de la nuit suivante, elle s’est encore affaiblie. Son taux glycémique n’était pas stable et elle a commencé à démontrer les signes familiers d’un déclin neurologique. À ce stade, ses selles étaient d’apparence noire et molle et les analyses de sang au matin révélaient une septicémie. Après examen du dossier avec les grandes équipes vétérinaires et de soins aux animaux, nous avons choisi de l’euthanasier. Cette petite guéparde très douce était âgée d’entre trois et quatre mois. Elle a résisté pendant cinq jours avant de succomber.
Ces genres d’événements a lieu bien trop fréquemment au cours des quatre dernières années, depuis que le CCF a établi ses trois refuges. Les guépardeaux sont dans un si mauvais état lorsqu’ils nous parviennent, principalement à cause de la malnutrition, qu’une condition appelée syndrome de réalimentation les affecte et beaucoup ne survivent pas. Comme les humains souffrant de malnutrition, leurs corps sont incapables de métaboliser la nourriture qu’ils reçoivent, même en très petites quantités. Des six autres guépardeaux, cinq ont réussi à survivre. D’abord alimentés très fréquemment au biberon, et passant ensuite de la viande hachée à la viande sur l’os, les guépardeaux continuent de prendre du poids et des forces. Ce sont de jeunes guépards bien adaptés qui ont besoin de soins en constante évolution en termes d’ajustements alimentaires, d’entraînement et d’enrichissement, et de soins médicaux préventifs tels que les vaccins, le déparasitage, les micropuces, et l’évaluation de leur état général et leur poids corporel.
Le commerce illégal d’espèces sauvages n’est pas anonyme. Les victimes souffrent d’un stress mental et physiologique incommensurable. Ils sont emprisonnés, parfois enchaînés ou ligotés et négligés. Plusieurs succombent et ceux qui survivent entretiennent souvent une crainte permanente des humains. Ici, au CCF Somaliland, nous le réalisons chaque jour alors que nous prenons soin de ces guépardeaux secourus.
Actuellement, le CCF Somaliland abrite 85 guépards résidents, et le nombre de confiscations croît chaque année. La directrice du CCF, la Dre Laurie Marker, propose une approche à multiples facettes pour relever ce défi apparemment insurmontable.
Le Somaliland est la plaque tournante du transport et du commerce de cette espèce en voie de disparition et le CCF travaille non seulement sur les efforts de sauvetage de première ligne, mais s’implique également dans l’éducation, l’engagement communautaire, la politique et le respect des lois.
En étroite collaboration avec le MECC, le CCF construit un centre de sauvetage et de conservation des guépards (CRCC) sur 800 hectares dans le premier parc national du Somaliland, afin que les guépards secourus puissent vivre une existence plus naturelle. Le CRCC est actuellement en construction et il comprend des logements pour le personnel et une clinique vétérinaire. Nous clôturons de vastes terrains pour abriter les 85 guépards actuels dans un habitat naturel. Nous espérons que les guépards seront transférés au CRCC d’ici le début de 2023.
La phase deux comprendra un centre d’éducation et de formation pour éduquer, former et engager la communauté dans son ensemble afin de réduire et, nous l’espérons, mettre fin au commerce illégal des espèces sauvages. Ce commerce menace non seulement l’existence de l’espèce, mais inflige des douleurs et des souffrances à des jeunes guépards sans défense. Le CCF recherche des partenaires pour aider à financer la construction du centre d’éducation et ils accueillent les gardiens de zoo, les techniciens vétérinaires et les vétérinaires à faire du bénévolat ou à se joindre à eux.
Le CCF s’efforce d’estomper l’offre et la demande du commerce illégal d’animaux sauvages comme animaux de compagnie en sensibilisant le public. Dans la Corne de l’Afrique, au Somaliland et en Éthiopie, le CCF est actif dans l’engagement communautaire et la sensibilisation, ainsi que la formation des policiers et du groupe de travail sur la faune pour arrêter le commerce. Au Moyen-Orient, le CCF a développé des relations au plus haut niveau pour stopper la demande. Cela prendra du temps, mais le CCF œuvre à plusieurs niveaux pour faire face à cette crise.
Le CCF est une organisation internationale sans but lucratif avec des bases sur le terrain en Namibie et au Somaliland, et des organisations de soutien bénévole dans le monde entier. CCF Canada accueille des membres et des bénévoles pour publiciser et aider à soutenir le travail de CCF dans leurs projets pour développer et mettre en œuvre des solutions.
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